sujetpeut Ă©tonner. La vĂ©ritĂ© est une valeur de la connaissance, relevant du domaine de la science, la notion de devoir est une valeur de l'existence, relevant du domaine de la morale ou de l'Ă©thique. Donc l'idĂ©e d'un devoir de chercher la vĂ©ritĂ© peut paraĂźtre Ă©trange, d'autant qu'on recherche la vĂ©ritĂ© en science et ailleurs. Il y aAugustin, de l'utilitĂ© de la foi. - CHAPITRE VII. OU CHERCHER LA RELIGION VĂRITABLE?CHAPITRE VII. OU CHERCHER LA RELIGION VĂRITABLE? 14. Maintenant j'achĂšverai ce que j'ai commencĂ©; mais, sans chercher Ă t'exposer en ce moment la foi catholique, je t'engagerai Ă en scruter les mystĂšres, et pour cela je te ferai voir comment ceux qui s'intĂ©ressent Ă leur Ăąme, peuvent espĂ©rer de la faveur divine trouver la vĂ©ritĂ©. Chacun sait que celui qui recherche la vraie religion, croit dĂ©jĂ Ă l'immortalitĂ© de l'Ăąme Ă qui cette religion est utile, ou encore qu'il veut trouver cette immortalitĂ© dans la religion mĂȘme. Toute religion a donc l'Ăąme pour cause; car la nature 41 du corps, quelle qu'elle soit, n'inspire ni souci ni inquiĂ©tude, surtout aprĂšs la mort, Ă celui dont l'Ăąme a en vue d'ĂȘtre heureuse. Ainsi donc la religion, mĂȘme la plus vraie, s'il en est une, a Ă©tĂ© Ă©tablie Ă cause de l'Ăąme et de l'Ăąme seule. Mais cette Ăąme, nous verrons par quel motif, ce qui est fort obscur, je l'avoue; cette Ăąme commet des erreurs et des fautes, comme nous le voyons, jusqu'Ă ce qu'elle atteigne et possĂšde la sagesse, et peut-ĂȘtre cette sagesse est-elle la vraie religion. Est-ce lĂ te renvoyer Ă des fables? Te forcĂ©-je Ă croire quelque chose sans motif, au hasard? Je dis que notre Ăąme, entourĂ©e, enveloppĂ©e de toutes parts d'erreur et d'ignorance, cherche le chemin de la vĂ©ritĂ©, s'il en est un. Si les choses ne se passent pas ainsi en toi, pardonne-moi mon langage, et fais-moi part de ta sagesse, je te prie; mais si tu reconnais en toi ce que je dis lĂ , examinons la vĂ©ritĂ© ensemble. 15. Figure-toi que jusqu'ici nous n'avons entendu personne encore nous parler de la religion. C'est lĂ pour nous une chose nouvelle, une affaire Ă examiner. Sans doute que s'il existe une religion, il faut chercher des maĂźtres qui nous l'enseignent. Suppose que nous en avons trouvĂ© n'ayant pas les mĂȘmes idĂ©es, et dĂ©sirant nous attirer Ă eux par des opinions diffĂ©rentes, mais qu'il en est quelques-uns dont la renommĂ©e pour le moment brille entre tous, et occupe l'attention de presque tous les peuples. C'est une grande question de savoir si ces derniers possĂšdent la vĂ©ritĂ©; mais ne faut-il pas tout d'abord les connaĂźtre, pour que notre erreur, bien naturelle, puisque nous sommes mortels, semble, tant qu'elle durera, partagĂ©e par le genre humain lui-mĂȘme? 16. Mais, diras-tu, la vĂ©ritĂ© ne se trouve que chez un petit nombre d'hommes. Tu sais donc dĂ©jĂ ce qu'elle est, si tu sais chez qui elle est. Ne t'avais-je pas dit, il y a un instant, de la chercher avec moi comme si nous Ă©tions des novices? D'aprĂšs la nature mĂȘme de la vĂ©ritĂ©, tu penses donc que peu d'hommes la possĂšdent, mais tu ne sais pas qui ils sont; eh quoi? ces hommes peu nombreux qui connaissent le vrai, n'exercent-ils pas sur la multitude une autoritĂ© puissante, et ne voit-on pas de cette multitude sortir un petit nombre d'hommes seulement, capables de pĂ©nĂ©trer ces mystĂšres? Ne voyons-nous pas combien est petit le nombre de ceux qui atteignent Ă la haute Ă©loquence, bien que dans tout l'univers les Ă©coles des rhĂ©teurs soient frĂ©quentĂ©es par une foule bruyante de jeunes gens? Est-ce que, effrayĂ©s de la multitude des ignorants, ceux qui veulent devenir de bons orateurs, croient devoir Ă©tudier les discours de CĂ©cilius ou d'Erucius plutĂŽt que ceux de CicĂ©ron? Tous vont aux oeuvres que le tĂ©moignage de nos pĂšres a consacrĂ©es. La foule des ignorants cherche Ă s'instruire des mĂȘmes choses que le petit nombre des savants a cru devoir apprendre; mais fort peu les comprennent, bien moins encore les pratiquent, quelques-uns seulement s'y distinguent. La vraie religion ne serait-elle pas quelque chose de semblable?La multitude des ignorants ne frĂ©quente-t-elle pas les Ă©glises, sans ĂȘtre pour cela une preuve que personne d'entre eux soit profondĂ©ment versĂ© dans les mystĂšres de la foi? Et cependant, si ceux qui Ă©tudient l'Ă©loquence Ă©taient aussi peu nombreux que les hommes Ă©loquents, jamais nos parents ne croiraient devoir nous confier Ă de pareils maĂźtres. Ainsi donc, puisque la multitude qui se compose en grande partie d'ignorants, nous invite Ă ces Ă©tudes, et nous fait aimer ce qui ne peut ĂȘtre que le partage d'un petit nombre, pourquoi, quand il s'agit de la religion, ne pas accepter un motif semblable, et le mĂ©priser peut-ĂȘtre au grand prĂ©judice de notre Ăąme? Si le petit nombre de ceux qui pratiquent le culte de Dieu dans toute sa vĂ©ritĂ© et sa sincĂ©ritĂ©, voient cependant leurs opinions partagĂ©es par la multitude, malgrĂ© les passions,qui l'entraĂźnent et l'obscuritĂ© de son intelligence, ce dont on ne saurait douter; je te le demande, que pourrions-nous rĂ©pondre Ă celui qui blĂąmerait notre lĂ©gĂšretĂ© et notre indolence, et qui nous verrait si peu empressĂ©s Ă Ă©couter les docteurs sur des vĂ©ritĂ©s que nous avons Ă coeur de connaĂźtre? La multitude m'a retenu? Mais pourquoi, s'il s'agit d'Ă©tudier les arts libĂ©raux, qui sont Ă peine de quelque utilitĂ© pour la vie prĂ©sente, ou d'amasser de l'argent, ou d'arriver aux honneurs, ou d'acquĂ©rir et de conserver une bonne santĂ©, ou de jouir enfin des douceurs de la vie, pourquoi, quand tous se livrent Ă des soins si rarement couronnĂ©s d'un plein succĂšs, n'en est-on pas dĂ©tournĂ© par la multitude? 17. Mais dans ces livres il y a des absurditĂ©s. Qui l'affirme? Des ennemis de l'Eglise sans doute; pour quel motif, pour quelle 42 raison, peu importe; il ne s'agit pas de cela maintenant, il suffit que ce soient des ennemis. Eu les lisant, j'ai pu en juger par moi-mĂȘme. Eh quoi! si tu n'entendais rien Ă l'art des poĂštes, tu n'oserais pas toucher Ă TĂ©rentianus Maurus sans le secours d'un maĂźtre; on a recours Ă Asper, Ă Cornutus, Ă Donatus, et Ă une foule d'autres, pour pouvoir entendre le premier venu de ces poĂštes dont les piĂšces obtiennent les applaudissements du théùtre; et quand il s'agit de ces livres qui, tout dĂ©criĂ©s qu'ils peuvent ĂȘtre, n'en sont pas moins saints et remplis de choses divines, de l'aveu du genre humain tout entier; tu te jettes dessus sans guide, tu oses porter sur eux un jugement sans consulter un maĂźtre; et si tu rencontres certaines choses qui paraissent absurdes, tu n'en accuses pas ton incapacitĂ© et la corruption dont ce monde a souillĂ© ton Ăąme et celle de tous les insensĂ©s; tu prĂ©fĂšres t'en prendre Ă ces livres qui ne sauraient ĂȘtre entendus par des personnes de ton caractĂšre!Cherche un homme Ă la fois pieux et instruit, ou qui, de l'avis d'un grand nombre, soit rĂ©putĂ© tel que ses leçons puissent te rendre meilleur et sa science plus habile. Tu ne le trouves pas facilement? Donne-toi de la peine pour le trouver. Il n'y en a pas dans le pays que tu habites? Quel motif pourrait te faire entreprendre un voyage plus utile? On n'en connaĂźt point du tout, ou bien il n'y en a pas sur le continent? Prends la mer. Situ n'en trouves point au rivage oĂč tu dĂ©barqueras, va-t-en jusqu'en ces contrĂ©es oĂč se sont passĂ©s, dit-on, les Ă©vĂ©nements contenus dans ces livres. Est-ce lĂ ce que nous avons fait, mon cher Honorat? Et cependant cette religion peut-ĂȘtre trĂšs-sainte car j'en parle encore comme si c'Ă©tait chose douteuse, dont le culte a dĂ©jĂ envahi l'univers tout entier, nous autres, chĂ©tifs enfants, nous avons portĂ© sur elle une sentence de condamnation 1 Mais si ces dĂ©tails qui, dans ces mĂȘmes Ecritures, semblent blesser quelques ignorants, ont Ă©tĂ© placĂ©s lĂ pour que, en lisant des choses qui rĂ©pugnent au bon sens d'un homme quelconque, Ă plus forte raison d'un homme sage et saint, nous en cherchions avec beaucoup plus de soin la secrĂšte signification? Ne vois-tu pas comment on cherche Ă interprĂ©ter le mignon des Bucoliques, qui a dĂ©daignĂ©, un berger grossier; et comme on prĂ©tend que le jeune Alexis, sur lequel Platon passe pour avoir fait un poĂšme Ă©rotique, signifie quelque chose de grand, mais qui Ă©chappe au discernement des ignorants? On veut ainsi qu'un grand poĂšte ait pu faire entendre sans aucune impiĂ©tĂ© des chants licencieux. 18. Mais qui pouvait rĂ©ellement nous arrĂȘter et empĂȘcher nos recherches? Etait-ce la teneur de quelque loi, ou la puissance de nos adversaires, ou un caractĂšre vil chez les prĂȘtres, ou un renom fĂącheux, ou la nouveautĂ© de l'institution, ou un culte pratiquĂ© en secret? Rien de tout cela. Toutes les lois divines et humaines permettent de rechercher la foi catholique. Quant Ă la conserver et Ă la pratiquer, c'est chose autorisĂ©e, du moins parla loi humaine, si on ne sait encore ce que permet la loi divine tant qu'on est dans l'erreur. Notre faiblesse n'a pas Ă craindre d'ennemi; du reste, si en cherchant la vĂ©ritĂ© et le salut de notre Ăąme par les voies les plus sĂ»res, nous ne pouvons y arriver, nous n'en devons pas moins poursuivre ce but Ă travers tous les dangers. Toutes les dignitĂ©s, toutes les charges se dĂ©vouent avec ardeur Ă ce culte divin; le nom de la religion est ce qu'il y a de plus honorable et de plus Ă©clatant. Qui empĂȘche enfin de voir et d'examiner avec un soin pieux, si cette religion est celle que nĂ©cessairement peu d'hommes connaissent et gardent dans toute sa puretĂ©, bien que tous les peuples manifestent pour elle des dispositions favorables? 19. Les choses Ă©tant ainsi, suppose, comme je l'ai dit, que,nous cherchions pour la premiĂšre fois la religion qui doit purifier et fortifier nos Ăąmes; sans aucun doute, il faut commencer par l'Eglise catholique. En effet, les chrĂ©tiens sont dĂ©jĂ plus nombreux que les juifs rĂ©unis aux adorateurs des idoles. Or, ces mĂȘmes chrĂ©tiens, bien qu'il ait parmi eux plusieurs hĂ©rĂ©sies, que tous les sectaires prĂ©tendent ĂȘtre catholiques; et donnent le nom d'hĂ©rĂ©tiques Ă ceux qui ne pensent pas comme eux, ces chrĂ©tiens, d'un avis unanime, forment une seule Eglise; et cette Eglise, Ă considĂ©rer l'univers entier, est plus nombreuse, et, comme l'affirment ceux qui la connaissent, possĂšde une vĂ©ritĂ© plus pure que toutes les autres. Il ne s'agit pas ici de cette question de la vĂ©ritĂ©; ce qui suffit pour nos recherches, c'est que la seule Eglise catholique est celle Ă laquelle les autres sectes donnent des noms divers, tandis qu'elles-mĂȘmes ont chacune une dĂ©signation propre qu'elles n'osent 43 repousser. On peut voir par lĂ , quand nulle influence n'agit sur nos jugements, Ă quelle Ă©glise doit ĂȘtre attribuĂ© ce nom de catholique, objet de l'ambition de toutes. Mais, pour ne pas entrer inutilement dans une discussion fort longue et superflue, disons que l'Ăglise catholique est certainement la seule oĂč les lois humaines elles -mĂȘmes sont aussi en quelque façon des lois chrĂ©tiennes. Je ne veux tirer de lĂ aucune conclusion prĂ©judiciable; je me borne Ă y voir un point de dĂ©part trĂšs-favorable pour nos recherches. Il n'est pas Ă craindre que le vrai culte de Dieu soit dĂ©pourvu de toute force propre et ait besoin d'ĂȘtre soutenu par ceux qu'il doit au contraire soutenir; et certainement il est trĂšs-heureux que l'on puisse trouver la vĂ©ritĂ©, lĂ oĂč il n'y a aucun danger ni Ă la chercher ni Ă la conserver; si on ne peut la trouver lĂ , c'est alors qu'il faut, au mĂ©pris de tous les dangers, aller la chercher VIII. COMMENT L'AUTEUR EST DEVENU CATHOLIQUE. 20. Les choses ainsi Ă©tablies, et, Ă mon avis, elles sont si justes que je dois gagner ma cause auprĂšs de toi, quel que soit mon adversaire, je vais te faire connaĂźtre, autant que possible, la route que j'ai suivie, alors que je cherchais la vraie religion dans cet esprit qui doit, comme je viens de l'exposer, prĂ©sider Ă cette recherche. DĂšs que je vous eus quittĂ©s et que j'eus traversĂ© la mer, je me sentis hĂ©sitant, incertain de ce que je devais croire, de ce que je devais rejeter. Cette hĂ©sitation augmenta de jour en jour du moment oĂč j'entendis cet homme, dont l'arrivĂ©e nous Ă©tait promise, tu le sais, comme celle d'un envoyĂ© du ciel, destinĂ© Ă lever tous nos doutes, cet homme enfin qu'Ă part une certaine Ă©loquence, j'ai reconnu ĂȘtre tel que les autres hommes. Je me mis Ă rĂ©flĂ©chir en moi-mĂȘme, Ă dĂ©libĂ©rer longuement, dans cette Italie oĂč j'habitais, me demandant, non pas si je resterais dans cette secte oĂč je me repentais de m'ĂȘtre engagĂ©, mais de quelle maniĂšre je trouverais la vĂ©ritĂ©, pour laquelle, tu le sais mieux que personne, j'ai versĂ© tant de soupirs. Souvent cette vĂ©ritĂ© me semblait ne pouvoir ĂȘtre trouvĂ©e, et, dans le tumulte de mes pensĂ©es, je me sentais entraĂźner vers la philosophie acadĂ©mique. Puis, me reprenant Ă considĂ©rer de toutes mes forces l'esprit humain, si vif, si pĂ©nĂ©trant, si perspicace, je me disais que, si la vĂ©ritĂ© lui restait cachĂ©e, c'Ă©tait uniquement parce que le moyen de la chercher restait cachĂ© en elle, et qu'il fallait demander ce moyen lui-mĂȘme Ă quelque autoritĂ© divine. Restait Ă savoir quelle Ă©tait cette autoritĂ©, puisque, dans ce conflit d'opinions, chacun promettait de la faire connaĂźtre. Devant moi se prĂ©sentait donc une forĂȘt d'opinions sans issue, dans laquelle je regrettais beaucoup de m'ĂȘtre engagĂ©; et, pendant ce temps, mon esprit Ă©tait tourmentĂ© sans repos ni trĂȘve du dĂ©sir de trouver la vĂ©ritĂ©. Toutefois, je me dĂ©tachais de plus en plus des ManichĂ©ens que j'avais rĂ©solu d' une situation si pĂ©rilleuse, il ne me restait qu'Ă supplier avec des larmes et d'une. voix lamentable la divine Providence de me' prĂȘter secours. C'est ce que je faisais assidĂ»ment, et dĂ©jĂ quelques entretiens de l'Ă©vĂȘque de Milan m'avaient Ă peu prĂšs Ă©branlĂ©, de sorte que je dĂ©sirais, non sans quelque espoir, Ă©tudier dans l'Ancien Testament mĂȘme, bien des passages qu'on nous avait fort mal prĂ©sentĂ©s, comme tu le sais, et que nous avions en horreur. J'avais enfin rĂ©solu d'ĂȘtre catĂ©chumĂšne dans l'Ă©glise oĂč j'avais Ă©tĂ© Ă©levĂ© par mes parents, jusqu'Ă ce. que je pusse trouver ce que je dĂ©sirais, ou me persuader qu'il fallait renoncer Ă mes recherches. Aussi eĂ»t-il trouvĂ© en moi un disciple bien prĂ©parĂ© et fort docile, le maĂźtre qui, Ă cette Ă©poque, aurait pu m'instruire. Si donc tu vois que ton Ăąme ait Ă©tĂ© agitĂ©e longtemps comme la mienne et par des soucis semblables, s'il te semble que tu aies dĂ©jĂ Ă©tĂ© assez ballottĂ©, si enfin tu veux mettre un terme aux ennuis de cette espĂšce; suis la voie de la doctrine catholique, qui est venue de JĂ©sus-Christ lui-mĂȘme par les ApĂŽtres jusqu'Ă nous, et qui passera de nous aux gĂ©nĂ©rations IX. ĂTRE CROYANT ET ĂTRE CRĂDULE. 21. C'est lĂ une chose ridicule, diras-tu, puisque tous prĂ©tendent possĂ©der cette doctrine et l'enseigner. - Que tous les hĂ©rĂ©tiques aient cette prĂ©tention, je ne puis le nier; mais en mĂȘme temps ils promettent Ă ceux qu'ils veulent sĂ©duire, de rendre raison des choses les plus obscures, et par suite ils blĂąment surtout l'Ăglise catholique d'imposer Ă 44 ceux qui viennent Ă elle l'obligation de croire, tandis qu'eux se glorifient de ne pas imposer le joug de la foi, et d'ouvrir au contraire les sources de la science. Que peut-on avancer, me diras-tu, qui soit plus Ă leur avantage? C'est une erreur. Leurs promesses ne reposent sur rien de solide; ils n'ont en vue que de se concilier la foule Ă l'aide de ce mot, la raison. Naturellement l'esprit humain aime qu'on lui tienne ce langage, et sans considĂ©rer son Ă©tat de force et de santĂ©, il veut vivre comme s'il Ă©tait bien portant, d'une nourriture qui ne convient qu'aux forts, et il court aux poisons que lui verse le mensonge. Pour la vraie religion, Ă moins de croire d'abord ce que chacun admet ensuite et comprend, s'il se conduit bien et s'il se montre digne d'elle, en un mot, Ă moins de se soumettre Ă quelque autoritĂ© imposante, il est impossible de s'en bien pĂ©nĂ©trer. 22. Mais peut-ĂȘtre ici dĂ©sires-tu avoir un motif pour te persuader que la foi doit avant la raison te servir de maĂźtre. La chose est facile, si toutefois tu m'Ă©coutes sans prĂ©vention. Mais, pour plus de commoditĂ©, je dĂ©sire que tu rĂ©pondes Ă mes questions, et d'abord que tu me dises pourquoi il te semble que la foi doit ĂȘtre Ă©cartĂ©e. Parce que, diras-tu, la crĂ©dulitĂ© mĂȘme, d'oĂč vient le mot crĂ©dule, me semble ĂȘtre un dĂ©faut, sans quoi nous n'emploierions pas ce terme comme nous le faisons, dans un sens injurieux. Car si l'homme soupçonneux est rĂ©prĂ©hensible en ce qu'il soupçonne ce qui ne lui est pas dĂ©montrĂ©, combien est plus rĂ©prĂ©hensible l'homme crĂ©dule, qui ne diffĂšre du soupçonneux qu'en ce que l'un hĂ©site Ă admettre ce qu'il ne connaĂźt pas, tandis que l'autre n'hĂ©site Pour le moment, j'admets cette opinion et cette distinction. Mais tu sais aussi que le mot curieux ne s'emploie guĂšre sans une idĂ©e de reproche, tandis que le mot studieux implique au contraire une idĂ©e d'Ă©loge. Voyons donc, si tu veux bien, la diffĂ©rence qu'il y a aussi pour toi entre ces deux termes. Tu rĂ©pondras sans doute que, bien que leur conduite Ă tous deux soit inspirĂ©e par un grand dĂ©sir de savoir, cependant le curieux s'enquiert de choses qui ne le regardent pas, tandis que le studieux s'enquiert de choses qui le regardent. Mais un homme Ă©videmment est intĂ©ressĂ© au salut de sa femme et de ses enfants; eh bien! que cet homme, se trouvant en pays Ă©tranger, demande avec empressement Ă tous ceux qui arrivent, comment se portent et ce que font sa femme et ses enfants, assurĂ©ment il est mĂ» par un grand dĂ©sir de connaĂźtre; et cependant nous ne l'appelons pas studieux, cet homme qui dĂ©sire vivement connaĂźtre, et connaĂźtre des choses qui l'intĂ©ressent au plus haut point. Tu vois donc que cette dĂ©finition du mot studieux, n'a rien de solide, puisque tout homme studieux vent connaĂźtre, il est vrai, des choses qui le concernent, mais que tous ceux qui agissent ainsi, ne peuvent ĂȘtre appelĂ©s de ce nom; il s'applique Ă celui qui s'enquiert avec empressement de ce qui peut nourrir noblement et embellir son Ăąme. Cependant, nous appelons bien quelqu'un studens, surtout quand nous ajoutons ce qu'il dĂ©sire entendre dire. On peut aussi appeler studiosus suorum, celui qui n'aime que les siens; toutefois, si l'on n'ajoute pas un complĂ©ment, je ne,pense pas que l'on puisse dire en gĂ©nĂ©ral studiosus. Je ne dirais pas d'un homme dĂ©sireux d'apprendre ce que font les siens, qu'il est studiosus audiendi, Ă moins que la joie d'apprendre une bonne nouvelle ne lui fĂźt souvent dĂ©sirer qu'on la lui rĂ©pĂ©tĂąt; mais je dirais qu'il est studens, ne posĂąt-il la question qu'une fois. Revenons maintenant au mot curiosus, et dis-moi si quelqu'un aimait entendre un conte qui ne lui servĂźt absolument Ă rien, c'est-Ă -dire qui ne le concernĂąt pas, et cela, sans le demander d'une façon fatigante et souvent, mais fort rarement, fort tranquillement, Ă table, ou dans quelque cercle, ou dans quelque rĂ©union, te paraĂźtrait-il curiosus? Je ne le pense pas; mais il te paraĂźtrait certainement soucieux de la chose qu'il aimerait entendre raconter. La dĂ©finition du mot curiosus doit donc ĂȘtre modifiĂ©e aussi de la mĂȘme façon que celle du mot studiosus. Vois s'il n'en est pas de mĂȘme des termes employĂ©s prĂ©cĂ©demment. Ne doit-on pas Ă©viter d'appeler soupçonneux celui qui a quelquefois quelque soupçon, et crĂ©dule celui qui croit quelquefois Ă quelque chose? Ainsi, de mĂȘme qu'il y a une grande diffĂ©rence entre l'homme qui dĂ©sire quelque chose, et l'homme gĂ©nĂ©ralement dĂ©sireux, et aussi entre l'homme qui s'occupe d'une chose et l'homme curieux, il y en a une trĂšs-grande aussi, entre l'homme qui croit et l'homme X. LA FOI EST A LA PORTĂE DE TOUS. 23. Mais, diras-tu, voyons maintenant s'il faut croire quand il s'agit de la religion. Car si nous accordons que croire et ĂȘtre crĂ©dule sont deux choses diffĂ©rentes, il ne s'ensuit pas que croire, quand il s'agit de religion, ne soit pas blĂąmable. Ne pourrait-on pas dire que croire et ĂȘtre crĂ©dule sont mauvais tous deux, comme ĂȘtre ivre et1ĂȘtreivrogne? - Quand on a une pareille opinion, on ne peut selon moi avoir d'ami. Si en effet il est honteux de croire quelque chose, ou bien on a tort de donner sa confiance Ă un ami, ou bien, en ne lui donnant pas sa confiance, je ne vois pas comment on appellera du nom d'ami ou soi-mĂȘme ou quelque autre. Ici tu me diras peut-ĂȘtre j'avoue que quelquefois il faut croire; mais fais-moi voir qu'en fait de religion, il n'y a pas de honte Ă croire avant de savoir. - Je vais essayer, si je puis. Je te demanderai donc ce que tu crois ĂȘtre le plus blĂąmable, d'enseigner la religion Ă un homme indigne, ou de croire ce que disent ceux qui l'enseignent. Tu ne comprends peut-ĂȘtre pas ce que j'entends par indigne; j'appelle ainsi l'homme qui vient Ă la religion avec un coeur dissimulĂ©. Tu m'accorderas, je pense, qu'il y a bien plus de mal Ă dĂ©couvrir Ă un tel homme les saints mystĂšres, qu'Ă avoir confiance en des hommes religieux qui affirment quelque chose sur la religion mĂȘme. En effet, ce serait mal Ă toi de rĂ©pondre autrement. Suppose maintenant que tu as devant toi un homme qui va L'apprendre la religion; de quelle maniĂšre lui prouveras-tu que tu vas l'Ă©couter avec sincĂ©ritĂ©, et qu'il n'y a en toi ni mauvaise foi ni feinte en ce qui a trait Ă la religion? Tu diras, la main sur la conscience, que tu es parfaitement sincĂšre, tu l'affirmeras avec des paroles de toutes tes forces, mais enfin ce ne seront que des paroles. Car tu ne saurais ouvrir Ă ton semblable le fond de ton Ăąme pour qu'il y lise dans les replis les plus intimes. Mais s'il te dit En vĂ©ritĂ© je vous crois; or n'est-il pas plus juste que vous me croyiez aussi, puisque vous allez recevoir de moi un bienfait, s'il est vrai que je possĂšde quelque chose de la vĂ©ritĂ©? Ne rĂ©pondras-tu pas que tu dois le croire? 24. Mais, diras-tu, ne vaudrait-il pas mieux me donner la raison des choses, afin que, partout oĂč cette raison me conduirait, je puisse la suivre sans craindre de m'Ă©garer? C'est possible, mais il est bien difficile que tu arrives Ă la connaissance de Dieu par la raison. Dis-moi en effet, crois-tu tous les hommes capables de saisir les raisonnements par lesquels on conduit l'esprit humain Ă l'intelligence de la divinitĂ©? ou bien y en a-t-il un certain nombre, ou seulement fort peu? Fort peu, je crois, diras-tu. Crois-tu ĂȘtre du nombre? Tu diras ce n'est pas Ă moi Ă rĂ©pondre Ă cette question. Tu crois donc que c'est encore ici au maĂźtre Ă te croire, ce qu'il fait du reste. Rappelle-toi seulement qu'il t'a dĂ©jĂ cru deux fois sans ĂȘtre certain de ta vĂ©racitĂ©, et toi, alors qu'il te parle,de religion, tu ne veux mĂȘme pas le croire une seule fois! Mais supposons que tu viennes avec toute la sincĂ©ritĂ© de l'Ăąme prendre des leçons sur la religion, et que tu sois du petit nombre de ces hommes capables de saisir les raisonnements par lesquels on arrive Ă la connaissance certaine de la nature divine; les autres hommes qui ne sont pas douĂ©s d'un esprit aussi heureux, devra-t-on leur refuser l'entrĂ©e de la religion, ou bien les conduire lentement et par degrĂ©s jusqu'au fond du sanctuaire? Tu vois tout de suite combien ce dernier parti est plus religieux. En effet, nul homme, dĂ©sireux d'une chose aussi importante, ne saurait mĂ©riter Ă tes yeux qu'on l'abandonne ou qu'on le repousse. Mais n'es-tu pas d'avis que si cet homme ne croit d'abord parvenir Ă son but, s'il ne recoure Ă la priĂšre, et ne se purifie par un certain genre de vie en se soumettant Ă quelques prĂ©ceptes Ă©levĂ©s et nĂ©cessaires, il ne saurait comprendre une doctrine qui est la vĂ©ritĂ© pure? C'est ta pensĂ©e sans doute. Eh bien l ces autres hommes dans la classe desquels je veux bien te ranger, qui peuvent par une raison infaillible saisir trĂšs-facilement les secrets divins, quel inconvĂ©nient pour eux d'arriver par le chemin que suivent ceux qui commencent par croire? Aucun assurĂ©ment. Mais cependant, diras-tu, Ă quoi bon les retarder? Parce que, si leur conduite rie leur nuit pas Ă eux-mĂȘmes, leur exemple ne laisserait pas de nuire aux autres. Car bien peu d'hommes sentent ce dont ils sont vraiment capables le pusillanime a besoin d'ĂȘtre poussĂ©, le prĂ©somptueux, d'ĂȘtre retenu; afin que l'un ne succombe pas au dĂ©sespoirs et que l'autre ne soit pas emportĂ© par sa tĂ©mĂ©ritĂ©; ce qui est 46 facile Ă obtenir, si ceux mĂȘmes qui peuvent voler, sont obligĂ©s, pour n'ĂȘtre pas un stimulant dangereux, de marcher quelque temps dans la voie qui offre aux autres pleine est la prĂ©voyance de la vraie religion; tel est l'ordre de la divinitĂ©, telle est la tradition de la bienheureuse antiquitĂ©, tradition conservĂ©e jusqu'Ă nous. Vouloir y porter le trouble et le dĂ©sordre, c'est tout simplement chercher une voie sacrilĂšge pour arriver Ă la vraie religion. Ceux qui agissent ainsi ne peuvent arriver Ă leur but, quand mĂȘme on admettrait leurs prĂ©tentions. Eussent-ils en effet le gĂ©nie le plus Ă©levĂ©, si Dieu ne les soutient, ils rampent Ă terre. Or, Dieu nous soutient si, quand nous cherchons Ă le connaĂźtre, nous ne perdons pas de vue la sociĂ©tĂ© humaine. Il n'y a pas pour pĂ©nĂ©trer dans les secrets du ciel de moyen plus sĂ»r que celui-lĂ . Pour loi, je n'ai rien Ă rĂ©pandre Ă une pareille raison. Comment dire en effet que l'on ne doit jamais croire sans connaĂźtre, puisque, Ă moins de croire quelque chose qui ne peut ĂȘtre dĂ©montrĂ© d'une maniĂšre positive, il n'y a pas d'amitiĂ© possible, et que souvent les maĂźtres ajoutent foi aux comptes de leurs esclaves sans encourir de reproche? Or, quand il s'agit de la religion, quoi de plus Ă©trange que de voir les prĂȘtres du Seigneur nous croire, alors que nous leur promettons de les Ă©couter sincĂšrement, tandis que nous, nous ne voulons pas croire Ă ce qu'ils enseignent? Enfin peut-il y avoir une voie plus salutaire que de se mettre d'abord en Ă©tat de comprendre la vĂ©ritĂ©, en ajoutant foi Ă des choses que la volontĂ© divine a Ă©tablies pour prĂ©parer et prĂ©disposer notre Ăąme? ou bien, si l'on est dĂ©jĂ parfaitement propre Ă comprendre la vĂ©ritĂ©, d'avancer quelque temps sur une voie parfaitement sĂ»re, plutĂŽt que d'ĂȘtre pour soi-mĂȘme une cause de danger, et pour les autres un exemple de tĂ©mĂ©ritĂ©?CHAPITRE 11. L'INTELLIGENCE, LA FOI ET L'OPINION. 25. Reste Ă considĂ©rer pour quel motif ne doivent pas ĂȘtre suivis ceux qui promettent de nous conduire par 1a raison. DĂ©jĂ nous avons dit comment on peut, sans ĂȘtre blĂąmable, suivre ceux qui nous ordonnent de croire; quant Ă ces panĂ©gyristes de la raison, quelques personnes pensent qu'en allant Ă eux, loin de mĂ©riter des reproches, elles font au contraire une action louable. Mais c'est une erreur. Il y a dans la religion deux sortes de gens dignes d'Ă©loge les uns qui ont dĂ©jĂ trouvĂ© la vĂ©ritĂ©, et ceux-lĂ , il faut les considĂ©rer aussi comme trĂšs-heureux; les autres qui la cherchent avec beaucoup d'ardeur et de loyautĂ©. Les premiers sont donc dĂ©jĂ en possession de la vĂ©ritĂ©, les autres sont seulement sur le chemin, mais avec la certitude d'y arriver. Le reste des hommes forme trois classes, qui toutes ne mĂ©ritent que la rĂ©probation et l'anathĂšme. L'une est celle des hommes qui n'ont que des opinions, c'est-Ă -dire, qui croient savoir ce qu'ils ne savent pas La seconde comprend ceux qui sentent, il est vrai, qu'ils ne savent pas, mais qui ne s'occupent pas des moyens de trouver. La troisiĂšme se compose de ceux qui, sans se figurer qu'ils savent, ne veulent pas chercher. Il y a pareillement dans les esprits humains trois faits analogues et bien dignes d'ĂȘtre remarquĂ©s; ce sont comprendre, croire, penser. A les considĂ©rer en eux-mĂȘmes, le premier n'est jamais blĂąmable, le second l'est quelquefois seulement, le troisiĂšme toujours. En effet, il y a un grand bonheur Ă comprendre les choses grandes, honnĂȘtes, divines. Comprendre des choses superflues ne nuit en rien; seulement on s'est peut-ĂȘtre fait tort en les apprenant, parce qu'on leur a sacrifiĂ© des Ă©tudes nĂ©cessaires. Pour les choses nuisibles, il est malheureux non de les comprendre, mais de les commettre ou de les subir. Qu'un homme sache comment ses ennemis peuvent ĂȘtre tuĂ©s sans danger pour lui, ce n'est pas le fait de savoir, c'est le dĂ©sir qui le rend coupable; s'il n'a pas ce dĂ©sir, qu'y a-t-il de plus innocent que lui? Quant au fait de croire, il est blĂąmable lorsque -l'on croit sur Dieu quelque chose d'indigne de lui, ou que l'on croit sur l'homme Ă la lĂ©gĂšre. Dans tout le reste on n'est pas blĂąmable de croire quelque chose, si on comprend qu'on ne sait pas cette chose. Je crois, par exemple, que des scĂ©lĂ©rats conjurĂ©s contre Rome ont pĂ©ri jadis, grĂące au courage de CicĂ©ron; or non-seulement je ne sais pas cela, mais mĂȘme je sais positivement qu'il m'est impossible de le savoir. Quant Ă se faire des opinions, c'est pour deux motifs une chose trĂšs-blĂąmable, parce qu'on ne peut apprendre quand on s'est persuadĂ© qu'on sait dĂ©jĂ , si toutefois la chose peut ĂȘtre apprise; et que par elle-mĂȘme la lĂ©gĂšretĂ© est le signe d'un 47 esprit mal fait. Un homme a beau croire qu'il sait le trait que je viens de citer sur CicĂ©ron, du reste rien ne l'empĂȘche d'apprendre ce trait, bien qu'il soit impossible d'en constater la certitude scientifique,, comme il ne comprend pas qu'il y a une grande diffĂ©rence entre connaĂźtre une chose par un procĂ©dĂ© certain de l'intelligence, ce que nous appelons comprendre, et confier utilement cette chose Ă la renommĂ©e ou aux lettres pour qu'elle soit crue de la postĂ©ritĂ©, cet homme certainement se trompe, et il n'est pas d'erreur qui n'entraĂźne un blĂąme. Ainsi donc, ce que nous comprenons, nous le devons Ă la raison; ce que nous croyons, Ă l'autoritĂ©; ce que nous nous figurons, Ă l'erreur. Mais tout homme qui comprend, croit; il en est de mĂȘme de quiconque se figure une chose; tandis que l'homme qui croit ne comprend pas toujours, et que celui qui se figure une chose ne comprend jamais. Si donc nous rapprochons ces trois choses des cinq espĂšces de gens dont nous avons parlĂ© un peu plus haut, et dont les deux premiĂšres mĂ©ritent les Ă©loges, tandis que les trois autres sont blĂąmables; nous trouvons que la premiĂšre espĂšce, celle des heureux, croit Ă la vĂ©ritĂ©, et que la seconde espĂšce, composĂ©e d'hommes dĂ©sireux et amateurs de la vĂ©ritĂ©, croit Ă l'autoritĂ©. Chez ces deux espĂšces d'hommes la croyance est la premiĂšre classe des gens blĂąmables, composĂ©e de ceux qui se figurent savoir ce qu'ils ne savent pas, il y a certainement une crĂ©dulitĂ© rĂ©prĂ©hensible. Les deux autres classes qui mĂ©ritent la rĂ©probation, ne croient rien ce sont ceux qui cherchent la vĂ©ritĂ© sans espoir de la trouver, et ceux qui ne la cherchent pas du tout. Il ne s'agit ici que de choses qui ont rapport Ă quelque science; car dans tout le reste de la vie, je ne vois pas comment un homme pourrait ne rien croire. Du reste ceux qui dans leurs actes disent qu'ils n'admettent que des probabilitĂ©s, veulent plutĂŽt passer pour ne pouvoir rien savoir que pour ne rien croire. Qui en effet ne croit pas ce qu'il approuve? ou comment ce qu'on admet, si on ne l'approuve pas, peut-il ĂȘtre probable? Ainsi donc on peut compter deux espĂšces d'adversaires de la vĂ©ritĂ© l'une comprend ceux qui attaquent la science seule ment, mais non la foi; l'autre ceux qui condamnent ces deux choses. Ces derniers toutefois peuvent-ils se rencontrer dans la vie humaine, je l'ignore encore. Si je suis entrĂ© dans ces dĂ©tails, c'est pour que nous voyions bien qu'avec la foi, mĂȘme aux choses que nous ne comprenons pas encore, nous Ă©chappons Ă la lĂ©gĂšretĂ© des sceptiques. Car ceux qui disent qu'il ne faut rien croire que ce que nous savons, ne songent qu'Ă se prĂ©munir contre cette qualification de sceptiques, qualification triste et honteuse, il faut l'avouer. Mais s'ils considĂ©raient attentivement qu'il y a une grande diffĂ©rence entre se figurer que l'on sait, et croire sur la foi de quelque autoritĂ© ce, qu'on voit que l'on ne sait pas, ils Ă©viteraient certainement tout reproche d'erreur, d'arrogance et d' XII. LA SOCIĂTĂ HUMAINE REPOSE SUR LA FOI. 26. Je le demande en effet si l'on ne doit pas croire ce qu'on ne sait pas, comment des enfants seront-ils soumis Ă leurs parents, et rendront-ils affection pour affection Ă des personnes qu'ils ne croiront pas ĂȘtre les auteurs de leurs jours? Car c'est lĂ une chose que la raison est impuissante Ă faire connaĂźtre. En ce qui concerne le pĂšre, on croit sur l'intervention et l'autoritĂ© de la mĂšre; pour la mĂšre elle-mĂȘme, on s'en rapporte non Ă son tĂ©moignage, mais Ă celui des sages-femmes, des nourrices, des serviteurs. Car celle Ă qui l'on peut dĂ©rober son fils pour lui en substituer un autre, ne peut-elle pas, Ă©tant trompĂ©e, tromper Ă son tour? Nous croyons cependant Ă ses paroles, et nous y croyons sans aucune hĂ©sitation, parce que nous avouons que nous ne pouvons savoir. Sans cela ne verrait-on pas la piĂ©tĂ© filiale, ce lien sacrĂ© de la sociĂ©tĂ©, dĂ©daignĂ©e et outragĂ©e par le crime? En effet, quel homme est assez insensĂ© pour trouver blĂąmable celui qui rendrait les devoirs d'usage aux personnes qu'il croirait ĂȘtre ses parents, dut-il se tromper? Qui, au contraire, ne jugerait digne d'extermination celui qui n'aurait pas le moindre amour pour des personnes qui sont peut-ĂȘtre ses parents vĂ©ritables, parce qu'il craint que son amour ne se trompe d'objet? On peut donner bien des raisons qui prouvent que rien absolument dans la sociĂ©tĂ© ne reste debout, si nous sommes dĂ©cidĂ©s Ă ne rien croire, parce que nous ne pouvons pas avoir une connaissance exacte. 27. Voici maintenant une chose dont j'espĂšre 48 te persuader plus facilement. Quand il s'agit de la religion, c'est-Ă -dire du culte et de l'intelligence de la divinitĂ©, il ne faut pas suivre ceux qui nous dĂ©fendent de croire en nous promettant si facilement la raison de tout. Personne n'ignore que parmi les hommes il n'y a que des insensĂ©s et des sages. J'appelle sages non pas ceux qui sont ingĂ©nieux et habiles, mais ceux qui ont, autant qu'il soit possible Ă l'homme, une connaissance sĂ»re et nette de l'homme lui-mĂȘme et de Dieu, et dont la vie et les moeurs sont conformes Ă cette connaissance; tous les autres, au contraire, quelle que soit leur maniĂšre de vivre, active ou dĂ©soeuvrĂ©e, estimable ou blĂąmable, je les mets au rang des insensĂ©s. Les choses Ă©tant ainsi, quel homme est assez peu intelligent pour ne pas voir clairement qu'il est plus utile pour les insensĂ©s et plus salutaire de se conformer aux prĂ©ceptes des sages, que de vivre selon leurs propres lumiĂšres? Car toute action qui n'est pas bonne est un pĂ©chĂ©, et il est impossible que ce qui ne vient pas de la droite raison, soit bien. Or la droite raison, c'est la vertu mĂȘme. Et dans quel homme trouvera-t-on la vertu, si elle n'est pas dans l'Ăąme du sage? Ainsi donc le sage seul ne pĂšche pas. Par suite tout insensĂ© pĂšche, si ce n'est dans les actes oĂč il obĂ©it au sage; car les actes de ce genre viennent de la droite raison, et l'insensĂ© ne doit pas ĂȘtre considĂ©rĂ© comme le maĂźtre de son action, si je puis parler ainsi, quand il est comme l'instrument et le serviteur du sage. Par consĂ©quent, si pour tous les hommes il vaut mieux ne pas pĂ©cher que pĂ©cher; tous les insensĂ©s assurĂ©ment vivraient mieux, s'ils pouvaient ĂȘtre les serviteurs des sages. Si ce point est sans contredit d'une grande utilitĂ© quand il s'agit de choses moins importantes, comme d'acheter ou cultiver un champ, de se marier, d'avoir et d'Ă©lever des enfants, enfin d'administrer sa fortune, combien n'est-il pas plus utile quand il s'agit de la religion? Car les choses humaines sont plus faciles Ă connaĂźtre que les choses divines, et dans toutes celles qui ont un caractĂšre plus prononcĂ© de saintetĂ© et de grandeur, le pĂ©chĂ© est d'autant plus criminel et plus Ă craindre que nous devons avoir pour ces choses plus de dĂ©fĂ©rence et de respect. Tu vois donc immĂ©diatement que, tant que nous sommes insensĂ©s, si nous avons Ă coeur de mener une vie pure et religieuse, il ne nous reste qu'une chose Ă faire, chercher des sages dont les conseils puissent nous servir Ă sentir vivement le joug de notre folie, pendant qu'il pĂšse sur nous, et Ă nous en dĂ©barrasser un jour. Augustin, de l'utilitĂ© de la foi. - CHAPITRE VII. OU CHERCHER LA RELIGION VĂRITABLE? coursdk philosophie professe a la facultĂ des lettres pendant lâannee 1818 * pafa m. v. cousin, sur le fondement des idees absolues du vrai, du beau et du bien; publiĂ avec son autorisation et dâaprĂšs les meilleures rĂdactions de ce cours.. par ta. adolphe garnier, maitre de conferences a j.ecof.e normale- paris. librairie classique et Ă©lĂ©mentaire de l. hachette* ancien l Voulez-vous avoir toujours raison et dĂ©fendre vos arguments coute que coute ? Vous pensez que lâavis des autres ne compte pas pour un sou et que vous Ă©tĂ©s le dĂ©tenteur de la vĂ©ritĂ© ? Pour savoir si ce comportement est bon ou pas, je vous invite Ă lire cet article. Sommaire1 Avoir toujours raison ça veut dire quoi au juste ? Quand est-ce que cela prend une connotation nĂ©gative ?2 Essayer dâavoir toujours raison pourquoi est-ce une mauvaise chose3 Pourquoi certaines personnes veulent avoir raison tout le temps ? Pour se sentir supĂ©rieur aux Ils pensent dĂ©tenir la Faible estime de soi et peur du jugement des autres4 Vouloir toujours avoir raison comment y renoncer5 Ă vous de jouer ! Avoir toujours raison ça veut dire quoi au juste ? Face Ă une situation donnĂ©e, on dit que nous avons raison lorsque nous avons pris la bonne dĂ©cision ou fait le bon choix. Cela signifie aussi que ce que lâon dit est vrai. Lorsque vous avez raison ou pensez lâavoir, vous cherchez Ă convaincre les autres de la justesse de votre position avec des arguments. Toujours avoir raison, câest donc dire ce qui est vrai et prendre les bonnes dĂ©cisions. Mais quâest-ce que la vĂ©ritĂ© et la bonne dĂ©cision ? Ce sont encore lĂ des notions subjectives qui dĂ©pendent de nos croyances, de notre culture, de notre Ă©ducation⊠Toujours est-il que la vĂ©ritĂ© dĂ©pend dâune rĂ©alitĂ©. Par consĂ©quent, avoir toujours raison, câest dire toujours ce qui est conforme ou qui correspond bien Ă la rĂ©alitĂ©. Il y a une citation qui illustre bien cela. Câest celle de Warren Buffet Vous nâavez pas raison ou tort parce que dâautres sont dâaccord avec vous. Vous avez raison parce que vos faits sont exacts et votre raisonnement est juste ». Bien entendu, nous avons tous envie que les autres acceptent nos opinions et nos croyances ou valident nos actes. Donc chercher Ă avoir toujours raison et argumenter en faveur de son point de vue ou prouver quâon a pris la bonne dĂ©cision nâa rien de malsain. Bien au contraire, cela permet dâavoir des discussions constructives. De plus, confronter nos idĂ©es Ă celles des autres prĂ©sente pas mal de points positifs. Non seulement cela permet de dĂ©velopper notre sens de lâanalyse et notre esprit critique, mais aussi nos pensĂ©es et notre maniĂšre de penser. Quand est-ce que cela prend une connotation nĂ©gative ? Il y a certaines personnes qui veulent avoir toujours raison. Quand bien mĂȘme, ils sont conscients dâavoir tort, ils essaient par tous les moyens de se justifier avec des arguties, quitte Ă frustrer les autres. Ils veulent avoir le dernier mot, imposer leurs points de vue et ne veulent jamais accepter le fait que les autres peuvent avoir eux aussi. Souvent ce sont des gens avec qui il est quasiment impossible dâavoir une discussion constructive, car ils sont immatures affectivement. Que ce soit de mauvaise foi ou convaincus de dĂ©tenir la vĂ©ritĂ©, ceux-ci adoptent gĂ©nĂ©ralement les techniques suivantes ils jouent sur les mots pour prouver quâils ont raison ; ils coupent court Ă la discussion en plein ; ils reprochent aux autres de ne jamais ĂȘtre dâaccord avec eux ; ils tiennent des propos qui mettent mal Ă lâaise ; ils ne te laissent pas le temps de parler ; ils se fĂąchent et peuvent devenir violents verbalement ; ils te font croire que tu as mal compris⊠Essayer dâavoir toujours raison pourquoi est-ce une mauvaise chose Ma vĂ©ritĂ© est lâunique vĂ©ritĂ© et la tienne ne vaut rien », de nombreuses personnes pensent ainsi. Quand bien mĂȘme, nous estimons avoir raison, nous ne devons pas ĂȘtre fermĂ©s aux opinions dâautrui. Il est important dâapprendre Ă Ă©couter les autres, car ils ont le droit dâavoir un avis contraire au nĂŽtre. Il nous revient de faire passer notre opinion avec les meilleures techniques de communication. Chercher Ă toujours avoir raison et vouloir imposer son opinion Ă autrui relĂšve dâun comportement immature qui peut compliquer vos rapports interpersonnels. En effet, vouloir avoir toujours raison peut crĂ©er des crises dans le couple ou mĂȘme dans son cercle social. Puisque, personne ne voudra ĂȘtre ami avec quelquâun qui pense toujours tout savoir. Vous pouvez donc vous retrouver seul et ne plus savoir comment se faire des amis. Pourquoi certaines personnes veulent avoir raison tout le temps ? Souvent, nous ne voulions pas admettre que nous avions tort, que nous nous sommes trompĂ©s. Quand bien mĂȘme nous nous rendons compte que notre opinion est incorrecte, nous continuons toujours dâargumenter ? Pourquoi vouloir avoir toujours raison ? Pour se sentir supĂ©rieur aux autres Bon nombre de personnes veulent avoir raison en toute circonstance parce quâils estiment que cela renforce leur supĂ©rioritĂ© et leur ego. Ceux-ci dĂ©fendent leurs opinions erronĂ©es parce quâils considĂšrent que y renoncer est une faiblesse. Le dĂ©sir de sâaffirmer ou dâavoir plus de contrĂŽle peut motiver une personne Ă dĂ©fendre farouchement ses convictions, mĂȘme si elle sait que câest faux. Ils pensent dĂ©tenir la vĂ©ritĂ© Ceux qui veulent avoir toujours raison pensent quâils dĂ©tiennent la vĂ©ritĂ©. Parfois, les gens dĂ©veloppent certaines croyances, puis y croient. Ils ne veulent pas accepter le point de vue dâune autre personne parce quâils sont convaincus de dire vrai ou dâagir comme il fallait. Faible estime de soi et peur du jugement des autres Nous attachons nos opinions Ă notre valeur personnelle de maniĂšre Ă ne faire quâun avec ces derniĂšres. Câest pourquoi toute remise en question de nos actes et de nos paroles peut ĂȘtre considĂ©rĂ©e comme une attaque directe de notre estime de soi. Ceux qui cherchent Ă avoir toujours raison pensent que les actes quâils posent ou ce quâils disent reflĂštent ce quâils sont vraiment. Ils nâont pas tort de penser que nos actions et nos pensĂ©es sont Ă lâimage de notre personnalitĂ©. Mais ce nâest pas une raison pour imposer aux autres ce que nous pensons ĂȘtre la vĂ©ritĂ© » ou refuser dâaccepter quâils aient aussi raison. Bien au contraire, agir de cette façon, câest avoir un comportement immature. Il ne sâagit Ă©videmment pas dâaccepter systĂ©matiquement quâon a tout le temps tort. Cherchez Ă ne plus avoir toujours raison, câest reconnaitre que les autres ont aussi leurs opinions. Câest accepter que lâon puisse se tromper ou que nos croyances sont immuables. Renoncer Ă vouloir avoir raison tout le temps, câest preuve de confiance en soi et de maturitĂ©. Donc chaque fois que vous voulez imposer votre opinion pour les mauvaises raisons, demandez-vous si cela vaut vraiment la peine. Assurez-vous alors dâavoir bien compris ce que vous dit votre interlocuteur. Câest lĂ quâapprendre Ă Ă©couter les autres prend toute son importance. Il faut vĂ©ritablement faire preuve dâĂ©coute active et essayer de bien comprendre ce quâon vous explique. Posez si possible des questions pour avoir plus de prĂ©cisions. Si vous ne voulez plus essayer dâavoir raison en tout temps, vous devez aussi Ă©viter dâavoir des idĂ©es prĂ©conçues et dâessayer de deviner les pensĂ©es de lâautre. Nâentamez pas de discussion avec lâesprit fermĂ©. Faites plutĂŽt preuve dâouverture dâesprit. Ne vous braquez pas⊠Ce serait adopter un comportement immature. Encore une fois, il nây a rien de mal Ă vouloir faire changer dâavis Ă une personne. Il faut juste travailler sa force de persuasion et avoir un bon sens du relationnel. Ă vous de jouer ! Et vous avez-vous tendance Ă vouloir toujours avoir raison et imposer vos opinions? Ou connaissez-vous une personne qui a ce dĂ©faut ? Comment ça se passe ? Tous vos commentaires sont les bienvenus. Si cet article vous a plu, merci de le partager sur les rĂ©seaux sociaux. Il pourrait ĂȘtre utile pour un proche. Ă bientĂŽt sur Penser et Agir. Ledevoir de chercher la vĂ©ritĂ©, et lâayant trouvĂ©e, le devoir dây adhĂ©rer, et de se conduire en accord avec elle. Le paragraphe 1 concluait : « que ce double devoir concerne la conscience de lâhomme et lâoblige, et que la vĂ©ritĂ© ne sâimpose que par la force de la vĂ©ritĂ© elle-mĂȘme, qui pĂ©nĂštre lâesprit avec autant de DĂ©bats Tribune HervĂ© Marseille PrĂ©sident du Groupe Union centriste UC au SĂ©nat Bruno Retailleau PrĂ©sident du Groupe Les RĂ©publicains LR au SĂ©nat et HervĂ© Marseille PrĂ©sident du Groupe Union centriste UC au SĂ©nat Les chefs de lâopposition sĂ©natoriale Bruno Retailleau LR et HervĂ© Marseille UC dĂ©taillent, dans une tribune au Monde », les garanties quâils demandent au gouvernement avant de se prononcer sur la rĂ©forme annoncĂ©e. PubliĂ© le 18 juin 2018 Ă 09h54 - Mis Ă jour le 18 juin 2018 Ă 10h54 Temps de Lecture 3 min. Article rĂ©servĂ© aux abonnĂ©s Tribune. Depuis plusieurs semaines, certaines voix sâemploient Ă propager lâidĂ©e que le SĂ©nat serait par principe hostile Ă la rĂ©forme constitutionnelle. A dĂ©faut de pouvoir Ă©tayer lâaccusation, lâon suscite le soupçon, faisant peser sur la Haute AssemblĂ©e une prĂ©somption dâobstruction. Ainsi, un dĂ©putĂ© LREM affirmait-il rĂ©cemment que la science du blocage est dans lâADN du SĂ©nat », lâaccusant mĂȘme de dĂ©faire mĂ©ticuleusement les rĂ©formes qui lui sont proposĂ©es ». Sans ĂȘtre dupes de lâimpartialitĂ© de nos procureurs, examinons les deux grands chefs dâaccusation qui sont aujourdâhui avancĂ©s. Car les Français ont droit Ă la vĂ©ritĂ©. PremiĂšrement, le SĂ©nat est-il dans une opposition systĂ©matique au prĂ©sident de la RĂ©publique ? Si tel Ă©tait le cas, comment alors expliquer que depuis le dĂ©but du quinquennat, plus de 75 % des textes ayant Ă©tĂ© soumis Ă la Haute AssemblĂ©e par le gouvernement aient Ă©tĂ© adoptĂ©s par la majoritĂ© sĂ©natoriale ? Ce qui en revanche nâest pas dans notre ADN, câest le clonage issus des diffĂ©rentes sensibilitĂ©s de la droite et du centre, siĂ©geant dans une assemblĂ©e dont lâhistoire, la culture comme les missions exigent de ses membres une rĂ©sistance aux pulsions partisanes comme aux pressions institutionnelles, nous avons nos convictions. Lorsquâelles sâaccordent avec les dĂ©cisions du gouvernement, comme sur les ordonnances travail ou la rĂ©forme ferroviaire, nous le soutenons. Lorsque le chemin proposĂ© ne nous semble pas emprunter la bonne direction, nous le disons. Quoi de plus naturel dans une dĂ©mocratie ? Du reste, cette franchise parlementaire est un indicateur de bonne santĂ© rĂ©publicaine quand les reprĂ©sentants de la nation conditionnent leur droit de dire au devoir dâobĂ©ir, quand le consensus obligatoire se substitue au dĂ©bat contradictoire, alors le peuple se tourne vers les populismes. Mise en sourdine du Parlement DeuxiĂšmement, le SĂ©nat sâoppose-t-il Ă la rĂ©forme constitutionnelle ? Non, deux fois non ! Non seulement, nous sommes ouverts et favorables Ă une modification de la Constitution, mais nous ne nous opposons ni Ă la rĂ©duction du nombre de dĂ©putĂ©s et de sĂ©nateurs ni Ă la limitation dans le temps de leurs mandats. Tout juste demandons-nous au gouvernement quâau sein de ce contrat constitutionnel renouvelĂ© figurent deux grandes garanties. La premiĂšre est territoriale. Personne nâignore dĂ©sormais que la fracture entre les territoires abĂźme chaque jour un peu plus notre tissu national. Tissu dans lequel le projet du gouvernement risque pourtant de crĂ©er de nouveaux accrocs pas moins dâune quarantaine de dĂ©partements, trĂšs majoritairement ruraux, ne disposeraient que dâun seul sĂ©nateur quand dâautres â urbains naturellement â en compteraient prĂšs de 10 fois plus ! Il vous reste de cet article Ă lire. La suite est rĂ©servĂ©e aux abonnĂ©s. Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil Ă la fois Ce message sâaffichera sur lâautre appareil. DĂ©couvrir les offres multicomptes Parce quâune autre personne ou vous est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil. Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil Ă la fois ordinateur, tĂ©lĂ©phone ou tablette. Comment ne plus voir ce message ? En cliquant sur » et en vous assurant que vous ĂȘtes la seule personne Ă consulter Le Monde avec ce compte. Que se passera-t-il si vous continuez Ă lire ici ? Ce message sâaffichera sur lâautre appareil. Ce dernier restera connectĂ© avec ce compte. 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ï»żLavĂ©ritĂ© est une valeur de la connaissance, relevant du domaine de la science ; la notion de devoir est une valeur de lâexistence, relevant du domaine de la morale ou de lâĂ©thique. Donc lâidĂ©e dâun devoir de chercher la vĂ©ritĂ© peut paraĂźtre Ă©trange, dâautant quâon recherche la vĂ©ritĂ© en science et ailleurs. Il y a un dĂ©sir de vĂ©ritĂ©, un devoir
suite page 1 Câest dans lâintroduction que le problĂšme doit ĂȘtre posĂ© ; il sera discutĂ© tout au long du dĂ©veloppement. La problĂ©matisation est un exercice relativement artificiel qui, plus quâun autre, demande que lâhabiletĂ© soit entraĂźnĂ©e. Voici plusieurs techniques pour problĂ©matiser la question dâun sujet de dissertation ; suivant les sujets, elles sont dâinĂ©gale valeur elles peuvent parfois se cumuler ou se confondre. Toutefois, le but de toute problĂ©matisation est dâaboutir Ă un problĂšme = lâopposition Ă©quilibrĂ©e de deux rĂ©ponses immĂ©diates, crĂ©dibles mais aporĂ©tiques. Technique de lâopposition problĂ©matique si, dans une dissertation, il doit y avoir une opposition franche dâun cĂŽtĂ©, oui⊠mais dâun autre cĂŽtĂ©, non⊠câest dans lâintroduction et non pas dans le dĂ©veloppement. Pour trouver une opposition, il suffit simplement de sâopposer Ă la question posĂ©e et de dĂ©plier toute la justification de cette opposition. Une simple diffĂ©rence ne fait pas toujours une opposition. Technique de la question essentielle convertir un sujet de dissertation en question essentielle sous la forme canonique du quâest-ce que⊠? » permet de cadrer, dâencadrer, et dâorienter le dĂ©veloppement dans lequel il sâagit de construire par la discussion la dĂ©finition du terme essentiel ». Technique du moyen terme sous-jacent un troisiĂšme terme â le moyen terme » â peut permettre dâexpliciter lâopposition entre deux termes forts dâun sujet. Il sâagit de faire attention de ne pas glisser hors du cadre problĂ©matique du sujet. Technique de la contradiction interne le problĂšme peut quelquefois se trouver dans la contradiction non pas entre deux termes du sujet, mais entre leurs consĂ©quences apparentes et prĂ©visibles. La problĂ©matisation reviendra Ă dĂ©gager explicitement cette contradiction. Technique de lâalternative au moyen dâune alternative, le problĂšme se prĂ©sente explicitement comme une discussion entre deux solutions exclusives lâune de lâautre ou bien⊠ou bien⊠Technique du paradoxe le problĂšme peut quelquefois se trouver dans un paradoxe explicite entre deux termes du sujet. La problĂ©matisation reviendra Ă clarifier et renforcer ce paradoxe. La problĂ©matisation sera rĂ©ussie si elle Ă©vite un contresens ou un hors-sujet. elle permet de vraiment lancer la discussion dans le dĂ©veloppement. Quand ce nâest pas le cas, lâintroduction est dĂ©sĂ©quilibrĂ©e et provoque souvent un plan contradictoire en oui/non ou lâune de ses variantes. Nâavons-nous de devoirs quâenvers autrui ? Raisonne-t-on bien quand on veut avoir raison Ă tout prix ? Faut-il prĂ©fĂ©rer le bonheur Ă la justice ? PrĂ©supposĂ©s Nous avons des devoirs Des devoirs envers autrui Raisonner avoir raison. Nous voulons Ă tout prix avoir raison. Concurrence entre justice et bonheur. De fait, nous prĂ©fĂ©rons le bonheur. Hors sujets Avons-nous des devoirs envers autrui ? Raisonne-t-on bien quand on veut avoir raison ? Faut-il avoir raison Ă tout prix ? Quâest-ce quâune prĂ©fĂ©rence ? PrĂ©fĂ©rons-nous le bonheur Ă la justice ? Opposition problĂ©matique Non⊠mais, nous avons aussi des devoirs envers soi ; ou envers la nature. Non⊠mais, on raisonne bien si on peut accepter dâavoir tort. Non⊠mais, il faut que bonheur et justice sâharmonisent. Question essentielle Quâest-ce quâun devoir ? Quâest-ce que bien raisonner ? Bonheur et justice Moyen terme Respect peut-on se respecter silâon ne respecte pas lâautre ? Et rĂ©ciproquement ? Discussion dâun cĂŽtĂ©, câest un exercice de rationalitĂ© rationnelle ; de lâautre, elle est impraticable sans tolĂ©rance raisonnable. Paix dâun cĂŽtĂ©, ne pas sâoccuper du malheur des autres, câest prĂ©fĂ©rer sa tranquillitĂ© sa propre paix ; de lâautre, la Paix est le but de la justice. Contradiction externe Si la raison est la mĂȘme chez tous, comment peut-on avoir tort de partager une idĂ©e ? Pas de bonheur si injustice et pas de justice si malheur. Alternative Ou bien, il nây a de devoirs quâenvers autrui, ou bien ce ne sont pas les seuls devoirs. Soit on veut avoir raison Ă tout prix et câest une faute de raisonnement trop de cĆur, soit on accepte dâavoir tort et ce serait raisonnablement bien. Soit on prĂ©fĂšre le bonheur et ce ne peut ĂȘtre un devoir, soit on prĂ©fĂšre la justice mais la justice nâest pas affaire de prĂ©fĂ©rence. Paradoxe MĂȘme si nous avons des devoirs envers nous aucun devoir pour un homme seul. On aurait tort dâavoir passionnĂ©ment raison et raison de ne pas avoir toujours raison. Que valent et un bonheur injuste sâil nâest pas durable et une justice qui fait le malheur ? Connaissons-nous mieux le passĂ© que le prĂ©sent ? Pourquoi voulons-nous ĂȘtre libres ? Le langage ne sert-il quâa communiquer ? PrĂ©supposĂ©s Nous connaissons le passĂ©. Nous connaissons le prĂ©sent. Nous disposons dâune volontĂ©. Nous voulons ĂȘtre libres. Le langage a une utilitĂ©. Le langage sert Ă communiquer. Hors sujets Connaissons-nous mieux le prĂ©sent que le passĂ© ? Voulons-nous ĂȘtre libres ? Sommes-nous libres ? Le langage sert-il Ă communiquer ? Ne peut-on communiquer quâen parlant ? Opposition problĂ©matique NonâŠ, mais nous connaissons autant le passĂ© que le prĂ©sent. NonâŠ, mais il sert aussi Ă former ses pensĂ©es. Former formuler. Question essentielle Quâest-ce que la connaissance du sens du passĂ© historique ? Quâest-ce que la libertĂ© ? Quelles sont les fonctions du langage ? Moyen terme Futur dâun cĂŽtĂ© le prĂ©sent est un futur passĂ© ; de lâautre, nous ne intĂ©ressons au passĂ© que pour le futur. Infini dâun cĂŽtĂ©, la volontĂ© est lâinfini en nous Descartes ; de lâautre, une libertĂ© infinie ou illimitĂ©e rendrait incompatibles les libertĂ©s. Animal sâil y a un langage animal, câest un outil de communication. Mais dâun autre cĂŽtĂ©, la langage humain peut seul exprimer une pensĂ©e. Contradiction externe Si oui, comment peut-on, mieux que ceux qui lâont vĂ©cu comme prĂ©sent, connaĂźtre le passĂ© ? Parce que nous ne le sommes pas ; parce que nous le sommes ; mais alors pas de diffĂ©rence entre libertĂ© et non-libertĂ© ? MĂȘme sâil ne sert quâĂ communiquer, ce qui est communiquĂ© peut-il exister sansune autre fonction du langage ? Alternative Soit nous connaissons mieux le passĂ© recul rĂ©trospectif ; soit nous connais-sons mieux le prĂ©sent vivacitĂ© du prĂ©sent. Voulons-nous ĂȘtre libres parce que nous le sommes ou bien parce que nous ne le sommes pas ? Le langage sert-il Ă communiquer ou bien Ă penser ? Paradoxe Ce serait de mieux connaĂźtre lâabsent que le prĂ©sent, lâautre que le mĂȘme, le pluriel que le singulier. La volontĂ© suppose la libertĂ©. Vouloir ĂȘtre libre, câest donc vouloir ĂȘtre plus libre ; sans fin ? Mais la libertĂ© illimitĂ©e est-elle la libertĂ© ? Si la langage ne sert quâĂ communiquer, dâoĂč peuvent bien naĂźtre les contenus Ă communiquer ? Les hommes ont-ils besoin dâĂȘtre gouvernĂ©s ? Lâhomme cherche-t-il toujours Ă connaĂźtre la vĂ©ritĂ© ? Prendre conscience de soi, est-ce devenir Ă©tranger Ă soi ? PrĂ©supposĂ©s Les hommes vivent ensemble. Cette vie ensemble peut ĂȘtre politique. La vĂ©ritĂ© existe, lâhomme peut la connaĂźtre. Pour connaĂźtre la vĂ©ritĂ©, il doit la chercher. On peut prendre conscience de soi. On peut devenir Ă©tranger Ă soi. Hors sujets Peut-on gouverner les hommes ? Lâhomme cherche-t-il Ă connaĂźtre la vĂ©ritĂ© ? Lâhomme connaĂźt-il toujours la vĂ©ritĂ© ? Doit-on prendre conscience de soi ? Peut-on prendre conscience de soi ? Opposition problĂ©matique NonâŠ, mais ils ont la volontĂ© dâĂȘtre libres. Ou, besoin dâĂȘtre Ă©duquĂ©s. Ou, besoin de se gouverner. NonâŠ, mais il la cherche souvent ou parfois. NonâŠ, mais câest rester Ă©tranger Ă soi ; ou, câest devenir proche de soi. Question essentielle Quâest-ce que lâhomme par rapport Ă la libertĂ© ? Quâest-ce que lâhomme par rapport Ă la vĂ©ritĂ© ? Quâest-ce que prendre conscience de soi ? Moyen terme Animal le besoin est ce qui est animal en lâhomme, or les animaux nâont pas de gouvernement. ProgrĂšs lâhomme accumule des vĂ©ritĂ©s sur lesquelles il sâappuie pour en chercher toujours dâautres. Recul on ne peut pas se connaĂźtre sans prendre du recul, mais se reculer trop, câest risquer de se couper de soi. Contradiction externe p> On ne gouverne pas des animaux, mais câest en tant quâanimaux que les hommes doivent ĂȘtre gouvernĂ©s. Sâil cherche toujours, câest quâil nâa toujours pas trouvĂ© la vĂ©ritĂ© et sâil ne cherche pas, il ne peut jamais la trouver introuvable vĂ©ritĂ© ? Que lâon prenne ou non conscience de soi, le rĂ©sultat semble ĂȘtre le mĂȘme une Ă©trangetĂ© Ă soi. Alternative Soit oui et le risque est la tyrannie goĂ»t du pouvoir ; soit non et le risque est lâanarchie dĂ©goĂ»t du pouvoir. Soit câest devenir Ă©tranger Ă soi, soit câest cesser dâĂȘtre Ă©tranger Ă soi. Paradoxe Si les hommes ont besoin dâĂȘtre gouvernĂ©s, celui qui les gouvernera a-t-il besoin Ă son tour dâĂȘtre gouvernĂ© ? Si lâhomme cherche toujours la vĂ©ritĂ©, serait-ce quâil ne la trouve jamais ? Pourquoi alors la chercher ? Comment en prenant conscience de soi-mĂȘme, pourrait-on devenir autre ? source